Depuis quelques jours, un bruit circule dans les couloirs de l’audiovisuel : un protocole open source nommé Open Media Transport (OMT) pourrait bientôt faire au NDI ce que le NDI a fait au SDI.
L’annonce promet un changement radical… mais entre innovation technique et adoption réelle, il y a souvent un monde.
Un petit retour en arrière : quand le NDI a bousculé le SDI
En 2015, NewTek lançait le NDI, un protocole capable de transporter vidéo, audio et métadonnées via un simple câble Ethernet.
Pour beaucoup, ce fut une révolution :
- Plus besoin de kilomètres de câbles SDI.
- Création simplifiée de régies multi-salles.
- Intégration directe dans des logiciels de VJ comme Resolume ou HeavyM.
- Production multicaméra démocratisée avec des coûts divisés par dix.
L’impact fut tel que le monde broadcast a accéléré le développement de standards comme le SMPTE ST 2110 pour formaliser le transport vidéo sur IP.
Les limites du NDI
Malgré son succès, le NDI reste un protocole propriétaire.
Certains usages professionnels impliquent des licences payantes, et sa compression, même efficace, peut gêner sur des flux très exigeants (broadcast haute qualité, workflows 4:4:4).
L’OMT : promesses et caractéristiques annoncées
C’est là qu’entre en scène Open Media Transport.
Les arguments mis en avant sont séduisants :
- Open source et gratuit, sans royalties.
- Latence ultra-faible (< 1 frame).
- Support du 4:2:2 avec canal alpha.
- Plusieurs flux 4K sur un réseau gigabit standard.
- Codec optimisé pour tourner sur n’importe quel CPU moderne.
- Déjà intégré dans FFmpeg, ouvrant la voie à une adoption rapide dans de nombreux outils.
Les raisons d’y croire
Si ces promesses sont tenues, l’OMT pourrait :
- Éliminer une bonne partie des barrières financières à l’adoption de solutions IP.
- Accélérer la compatibilité multi-plateformes grâce à l’intégration dans FFmpeg.
- Offrir une alternative neutre et pérenne aux fabricants et intégrateurs.
Les raisons de rester prudent
Pour autant, l’histoire de l’audiovisuel est pleine de “game changers” annoncés… qui n’ont jamais dépassé le stade de la démo :
- Maturité technique : rien ne garantit que la performance observée en labo sera la même en conditions réelles.
- Interopérabilité : les grands noms du broadcast mettront-ils à jour leurs régies et caméras pour supporter l’OMT ?
- Support industriel : sans écosystème matériel et sans certifs broadcast, le protocole risque de rester cantonné aux productions légères.
- Effet réseau : le NDI a mis presque 5 ans à s’imposer, et il bénéficiait du soutien d’un fabricant puissant.
Conclusion : un potentiel à surveiller de près
L’OMT pourrait être une véritable avancée… ou juste un protocole de plus dans la longue liste des alternatives IP.
La différence se jouera moins sur la technologie pure que sur sa capacité à fédérer fabricants, intégrateurs et développeurs.
Rendez-vous dans quelques mois pour voir si ce “NDI open source” tient ses promesses… ou si l’histoire se répète.
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