Derrière chaque émission fluide, chaque live parfaitement calé, se cache un élément-clé souvent méconnu du grand public : la régie. C’est le centre de contrôle de toute production audiovisuelle, là où chaque signal est capté, vérifié, traité, mixé, encodé et envoyé vers sa destination finale. Pour les professionnels de l’audiovisuel, bien équiper sa régie est essentiel… et cela ne s’improvise pas.
Que vous prépariez une WebTV, une captation en studio, un événement hybride ou une émission diffusée en direct, voici une checklist complète du matériel à prévoir en régie – et quelques conseils pratiques issus du terrain.
🎥 Sources vidéo : une diversité à maîtriser
La première mission de la régie, c’est de centraliser et synchroniser toutes les sources vidéo. Cela inclut les caméras (fixes, mobiles, PTZ, DSLR, broadcast), mais aussi les contenus en provenance d’un ordinateur (présentations, visio, pages web, replays) ou d’un lecteur externe. Chaque source peut avoir un format différent (HDMI, SDI, IP via NDI/SRT) : il est donc souvent indispensable de s’équiper de convertisseurs, scalers ou adaptateurs pour garantir la compatibilité et le bon timing des signaux.
Un bon workflow commence par des entrées bien gérées. Une régie moderne sait jongler entre les formats, les résolutions et les fréquences. Prévoir un patch ou un système de routing vidéo permet également de gagner du temps et de limiter les erreurs en live.
🖥️ Mélangeur vidéo et contrôle de la réalisation
Le mélangeur vidéo est le cœur de la régie. C’est lui qui permet de commuter les sources, d’ajouter des incrustations (logos, titres, bandeaux), de gérer les effets de transition ou les picture-in-picture. Que vous optiez pour un ATEM, un TriCaster, un vMix ou un système de broadcast plus avancé (Ross, Sony XVS…), le mélangeur doit être fiable, ergonomique et adapté au format de vos productions.
À cela s’ajoute souvent un contrôleur physique, comme un StreamDeck, une surface MIDI ou un écran tactile. Il permet de piloter rapidement les actions clés : changement de plan, lancement d’un jingle, affichage d’un générique, activation du prompteur ou de l’encodage.
Une régie bien pensée prévoit aussi au minimum deux écrans : un multiview pour voir les sources simultanément et un moniteur programme pour vérifier le rendu final.
🎚️ L’audio, souvent négligé mais fondamental
Dans de nombreux projets, l’audio est le parent pauvre de la régie. Pourtant, un bon son est souvent plus crucial qu’une image parfaite. Il faut donc prévoir une vraie section dédiée : une table de mixage (physique ou logicielle), des interfaces audio (USB, XLR, Dante, analogique…), des micros adaptés à l’environnement (cravate, main, perche), ainsi qu’un monitoring casque de qualité.
L’enregistrement de secours audio (par exemple sur un Zoom H6 ou via une carte son indépendante) est également recommandé. Et si plusieurs personnes interviennent, un intercom ou un système de talkback devient vite indispensable pour assurer la coordination.
🌐 Le réseau : pilier des workflows IP
Avec la montée en puissance de la vidéo sur IP, la régie ne peut plus faire l’impasse sur une infrastructure réseau robuste. Il faut penser à la fois à la bande passante (1 Gbps ne suffit plus dans de nombreux cas), à la qualité du switch (idéalement manageable avec PoE), et à la gestion du trafic (multicast, QoS, VLAN).
Pour ceux qui travaillent avec des caméras NDI, des outils Dante, ou en production distante via SRT, le réseau devient le tuyau central du studio. Il est impératif de surveiller les flux, les goulots d’étranglement, les éventuelles pertes de paquets. Des outils comme NDI Studio Monitor, Dante Controller ou encore Wireshark deviennent alors des alliés précieux.
📡 Encodage, diffusion et enregistrement
Une fois le programme réalisé, il faut l’encoder et l’envoyer vers la bonne destination : enregistrement local, plateforme de streaming, CDN ou téléviseur via playout. Selon les cas, on utilisera un encodeur logiciel (OBS, vMix, Wirecast) ou matériel (Haivision, Kiloview, Teradek, Magewell…).
Il est vivement recommandé de prévoir une redondance : un enregistrement local haute qualité sur SSD/NAS, et un backup de diffusion, au cas où la ligne principale lâcherait. Les plateformes cloud permettent aujourd’hui de dupliquer les flux, mais cela reste un coût à anticiper.
🔍 Supervision, sécurité et confort d’utilisation
Une régie fiable, c’est une régie qui anticipe les pannes et garantit la continuité. Cela passe par :
- des onduleurs (UPS) pour éviter les coupures,
- une ligne internet de secours (4G/5G ou fibre redondée),
- un système de monitoring technique (température, débit réseau, état des équipements),
- des outils de supervision vidéo (waveform, vectorscope, audio meters),
- et même des scripts de vérification automatique en amont des lives.
Le confort de travail ne doit pas être négligé non plus : un bon éclairage, un agencement ergonomique des postes, des supports écrans ajustables, et un bon casque font toute la différence sur une journée de production.
🧰 Les indispensables “oubliés”… qui sauvent une journée
Ce sont souvent les petits détails qui sauvent une prod :
- câbles de secours (SDI, HDMI, XLR, RJ45),
- adaptateurs de toutes sortes,
- rouleaux de gaffer,
- multiprises et rallonges,
- tournevis, testeurs de câbles, marqueurs…
Et bien sûr : un coin café, un bloc-notes avec le conducteur, un QR code vers le drive de production, et une bonne humeur à toute épreuve.
🧠 En conclusion : une régie, c’est de la technique… mais surtout de l’anticipation
Chaque régie est différente, mais toutes doivent répondre à la même exigence : assurer une production fluide, fiable et de qualité professionnelle. Cela passe par une architecture technique cohérente, mais aussi par une bonne dose d’anticipation, de tests, et parfois d’improvisation maîtrisée.
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