Dans le monde de la vidéo sur IP, les protocoles open source existent et, sur le papier, ont tout pour plaire : gratuits, adaptables, sans royalties, et souvent techniquement très performants.
Pourtant, ils peinent à devenir la norme face à des solutions propriétaires comme NDI ou certains codecs fermés.
La raison ? Elle n’est pas seulement technique… elle est aussi économique et culturelle.
Les constructeurs préfèrent verrouiller l’écosystème
Un protocole propriétaire, c’est un contrôle total : évolution, compatibilité, licences, tarification.
En gardant la main, un fabricant peut imposer un univers fermé où le client doit acheter “dans la même marque” pour garantir que tout fonctionne.
L’open source, lui, casse ce modèle… et enlève une source de revenus récurrente.
Le business modèle des intégrateurs
Les intégrateurs aiment les solutions où tout est validé par un fabricant unique : moins de risques, moins de temps passé à résoudre des incompatibilités.
Avec l’open source, c’est l’intégrateur qui endosse le rôle de “garant technique” — ce qui demande plus de R&D, de veille et de support.
La peur du “pas de hotline”
Dans un live ou une production broadcast, il faut des solutions robustes… et un numéro à appeler en cas de problème.
Un protocole open source n’a pas de hotline unique : le support passe souvent par GitHub, forums ou prestataires externes.
Pour un décideur, c’est moins rassurant qu’un contrat de maintenance avec SLA garanti.
La fragmentation des implémentations
Un standard ouvert peut être implémenté de multiples façons… pas toujours compatibles entre elles.
Même dans des standards broadcast reconnus comme SMPTE ST 2110, il existe des écarts qui nécessitent des réglages complexes.
Résultat : un protocole open source peut vite perdre son principal argument, l’interopérabilité.
Le coût caché du “gratuit”
Gratuit ne veut pas dire sans coût :
- Formation et recrutement de techniciens capables d’intégrer et maintenir la solution.
- Tests approfondis avant déploiement.
- Support interne sur le long terme.
Ce sont des budgets que les solutions propriétaires intègrent souvent déjà dans leurs offres.
L’inertie des habitudes
Changer de protocole, c’est changer de méthodes de travail.
Les techniciens qui ont migré du SDI vers le NDI ou un protocole propriétaire ont investi du temps dans cet apprentissage… et rechignent à recommencer, même pour du “meilleur et gratuit”.
Conclusion : une adoption possible… mais pas spontanée
L’open source dans la vidéo sur IP n’est pas freiné par un manque de performance technique, mais par des logiques industrielles et humaines :
- Les fabricants veulent garder le contrôle de l’écosystème.
- Les intégrateurs veulent limiter les risques et les coûts de support.
- Les utilisateurs veulent de la fiabilité immédiate.
Pour qu’un protocole open source s’impose, il ne suffira pas d’être techniquement irréprochable.
Il faudra aussi offrir :
- Un écosystème matériel et logiciel complet.
- Un support professionnel clair et rapide.
- Une interopérabilité garantie.
Ce n’est qu’en cochant ces cases qu’un protocole libre pourra réellement s’installer au cœur des workflows audiovisuels professionnels.
💡 Vous réfléchissez à passer à la vidéo sur IP ou à intégrer des protocoles open source dans vos workflows ?
C’est souvent un choix qui se joue autant sur l’architecture technique que sur la stratégie long terme. Parlons-en.